Lettre officielle adressée à Gilbert Meyer
Monsieur le Maire,
Nous avons été choqués d’apprendre la coupure des subventions octroyées par la ville au lycée Camille-Sée dans le cadre de ses voyages pédagogiques, sans même avoir consulté le Conseil Municipal. Ce qui est choquant ici n’a rien à voir avec les revendications des manifestants, que l’on soit d’accord ou non avec la réforme Darcos, nous ne pouvons qu’être choqués par les méthodes employées. Le mot arbitraire est souvent galvaudé. Il trouve son sens ici, associé à un abus de pouvoir.
Certes, quelques élèves, durant les manifestations du 19 mars dernier, ont proféré de malheureux slogans envers les forces de l’ordre, alors que ces derniers empêchaient tout élève du lycée Bartholdi de rejoindre la manifestation unitaire, les privant de leur liberté de manifester. Les torts ne sont-ils pas, dans ce cas, partagés ?
D’autre part, Monsieur Meyer, pourquoi décider unilatéralement de couper les subventions d’un lycée tout entier alors que seuls quelques élèves isolés se sont laissés aller à quelques paroles déplacées ? Avez-vous en outre la preuve que ces « noms d’oiseaux » provenaient uniquement d’élèves de ce lycée ? Les lycéens de Bartholdi sont-ils irréprochables, parce qu’enfermés dans leur lycée ? Notre cher Auguste en serait le premier surpris…
S'il y a bien une chose qui pousse à la violence, c'est l'injustice, Monsieur Meyer. Que vont penser les jeunes qui n'ont pas prononcé les "noms d'oiseaux" et qui sont privés d'un voyage qu'ils attendent certainement depuis le début de l'année ? Allez faire comprendre aux élèves que nous vivons dans un Etat de droit, où il est nécessaire de faire la preuve d'une responsabilité individuelle pour pouvoir sanctionner des actes présumés délictueux. Encore une décision anti-pédagogique, Monsieur le Maire, qui ne fera que couper un peu plus nos dirigeants de la population lycéenne. La loi concernant les sanctions dans les établissements secondaires interdit formellement toute sanction collective. Comment un élu, premier magistrat de sa commune, attendu pour l’exemplarité de son rapport à la loi, peut-il se livrer à une manœuvre relevant de la vengeance ? Quel signal souhaite-t-il envoyer à de jeunes citoyens ? Si des lycéens ont eu un comportement dérogeant à la loi et au respect de l’ordre, les instances judiciaires sont là pour sanctionner les personnes identifiées. Quel exemple est donné ici ! Les discours les plus radicaux se trouveraient alors justifiés ! Notre République et l’Ecole qui la fonde méritent mieux, surtout en ces temps de désespoir.
Monsieur Meyer, pour ne rien vous cacher, nous sommes profondément outrés et attendons un geste de votre part.
Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Maire, nos plus cordiales salutations.
Tristan Denéchaud, Florian Brunner, Loïc Jaegert, Antoine Walter, Ricardo Borges, Mélissa Ackermann, au nom du collectif Bougeons les Lignes.