La méthode Gilbert Meyer, ou l’art de se fâcher avec tout le monde

Publié le par Loïc Jaegert

Petit à petit, en lisant régulièrement la presse, on se rend compte qu’à la mairie de Colmar, se fâcher avec tout le monde est décidément devenu une vraie méthode.

Quand le Conseil général, employeur aussi important que Liebherr ou Timken, avait offert 2 millions de francs à la Ville pour qu’elle crée un rond-point fort attendu (ce qui est de toute façon de sa compétence), puis que celle-ci n’honore pas le contrat en dépensant l’argent pour autre chose, comment peut-on appeler cela ? De la fumisterie ? Un détournement ? Décidément, avec M. Meyer, les juridictions administratives ont du travail au moins jusqu’en 2014 ! Et il aura encore le culot de dire que « les juges l’empêchent de travailler » ! Pourtant, quand on fait les choses avec rigueur et qu’on écoute ses partenaires et ses conseillers, on a rarement des problèmes de cette ampleur avec la justice administrative.

Et si ce n’était qu’avec le Conseil général… mais la méthode est rodée, et s’applique aussi aux relations avec un bon nombre de communes voisines ! Le principe est simple : celles qui s’éclairent à la lumière du grand stratège du 48 rue des Clefs sont bien vues, alors que les autres sont méprisées. Il est donc bien logique qu’Andolsheim, pourtant à 2 minutes de Colmar, ait préféré rejoindre une autre intercommunalité ! En fait, le maire de Colmar ne s’entend bien qu’avec une personne : le président de la CAC ! Le cumul des mandats peut parfois avoir des avantages…

On passera rapidement sur la chambre de commerce et d’industrie, avec laquelle les relations sont souvent chaotiques, et sur les syndicats présents au sein de la mairie, bien courageux… Les dégâts sont visibles même au sein du conseil municipal de Colmar, où les membres du groupe majoritaire s’ennuient, puisque tout a été décidé d’avance dans des réunions internes… pour cette majorité, un seul but affiché : appliquer de manière dogmatique une sorte de sous-bible électoraliste nommée « les 40 engagements », validée par seulement un quart des citoyens colmariens. Quand le mandat impératif et le régime des corporations font leur retour en plein XXIe siècle… quelle régression !

 

Conséquence de cette méthode sur les entreprises : lorsqu’une entreprise de vélo-taxi s’installe chez nous, alors que les autres villes l’accueillent à bras ouverts, notre bourgmestre interdit aussitôt le centre-ville à tous les vélos à assistance électrique. Déclenchant un tollé et se rendant compte de sa bourde (cela arrive lorsque l’on interdit avant de réfléchir), il restreint ensuite l’interdiction aux vélos-taxis. Le problème n’est toujours pas réglé ! Dommage, car ce moyen de transport écologique est idéal pour faire des trajets de quelques kilomètres dans une ville plate comme la nôtre. Pourquoi interdire cette solution conviviale ? Officiellement : car cela « gêne la circulation ». Officieusement : pour faire plaisir aux taxis (encore une corporation influente…), fût-ce au prix d’une dégradation de l’image et de l'économie de notre ville. Ou comment, comme trop souvent, quelques intérêts particuliers passent avant l'intérêt général...

Dans notre ville, il est aussi un secteur qui a du souci à se faire : la restauration, en particulier les bars et brasseries. De l’interdiction des terrasses la moitié de l’année aux velléités d’interdiction des soirées after work, en passant par diverses tracasseries administratives (comme l’obligation de détruire une « pagode » au motif que celle-ci nuisait à l’équilibre architectural de la zone industrielle nord !), tout est bon pour qu’aucun nouvel entrepreneur n’ait envie de s’installer à Colmar ! Dernier épisode : la police municipale a débarqué en force pour empêcher l’ouverture d’un nouveau bar en centre-ville… La Ville avait de solides raisons juridiques et avait averti le gérant plusieurs mois avant, mais pourquoi attendre aussi tard pour empêcher une ouverture qui avait été préparée et annoncée longtemps avant dans la presse ?

 Pour entreprendre, il faut pouvoir se sentir soutenu ! La Ville devrait donc faciliter les démarches juridiques, au lieu d’être une force d’inertie supplémentaire ! Or, avec les entreprises colmariennes, comme à la CAC et ailleurs, on fonctionne à deux vitesses. Il y a les « agréés », ceux qui sont dans les bonnes grâces et à qui l’on facilite la tâche, et les autres, que l’on snobe même s’ils peuvent générer des dizaines d’emplois… et de la vie dans le centre-ville !

 

Les Colmariens n’en ont-ils pas assez que par sa méthode soi-disant très rigoureuse, notre maire enchaîne les déboires juridictionnels et décourage les entrepreneurs, qui finiront par partir (ou ne viendront pas) au lieu de faire fructifier leur affaire chez nous ? Ils iront créer des emplois ailleurs ! Et pour cet argent perdu, pour les touristes non transportés, pour les cafés non consommés, qui paiera l’addition ?

Peut-être pourra-t-on financer le manque à gagner en commercialisant un manuel, La méthode GM, pour faire partager le savoir-faire de notre maire à ses collègues élus de France et de Navarre, pour qu’ils sachent, aussi bien que lui, se fâcher avec tout le monde… Car c’est une vraie méthode, que nous pourrions recommander à nos concurrents !

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M
<br /> Un revenant toujours aussi incisif!Celà fait plaisir à lire et pleurer parceque la situation parait figée.<br /> La Chine aurait la chance de pouvoir bénéficier d'un premier jet de la bêtise personnifiée!<br /> <br /> <br />
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